Architecte discret du bon fonctionnement communal, le secrétaire général de mairie est un professionnel polyvalent qui jongle entre droit, budget, management et proximité avec les élus. Découvrez un métier stratégique, exigeant mais porteur de sens, et les clés pour y accéder. Tour d’horizon dans cette fiche métier.
Le secrétaire général de mairie exerce son métier au cœur des mutations des collectivités territoriales. Face aux défis croissants des communes – raréfaction des ressources, exigence de proximité des citoyens, transition écologique et numérique –, son rôle devient stratégique. Véritable chef d’orchestre de l’administration municipale, il veille à la bonne mise en œuvre des décisions politiques et au fonctionnement quotidien des services.
Métier polyvalent, exigeant et au contact direct des élus et des administrés, il conjugue expertise juridique, management, gestion budgétaire et pilotage de projets. Si les responsabilités sont nombreuses, elles s’exercent aussi dans un cadre porteur de sens, au service de l’intérêt général.
93 % des secrétaires généraux de mairie considèrent leur métier comme porteur de sens.
Étude nationale « Conditions de travail des secrétaires généraux de mairie et développement du réseau départemental », ANDCDG, mai 2025.
Le métier peut toutefois s’avérer stressant. En particulier dans les petites communes où la polyvalence est poussée à l’extrême. Souvent exercé en milieu rural ou périurbain, il nécessite également un bon sens de l’organisation et beaucoup de rigueur.
Récemment revalorisé, c’est aussi un métier qui recrute ! En effet, un tiers des secrétaires de mairie va partir à la retraite d’ici 2030. Et plus d’un millier de postes sont d’ores et déjà vacants.
Quelles sont les principales missions du secrétaire général de mairie ?
Les missions du secrétaire général de mairie varient en fonction de la taille de la collectivité. Elles sont souvent très étendues au sein des petites communes. Elles comprennent en général :
Conseil et assistance aux élus
- Assister le maire et les élus dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques locales
- Fournir un appui technique, réglementaire et organisationnel aux décisions politiques
Management et coordination des services
- Encadrer les services municipaux (ressources humaines, techniques, finances, etc.)
- Veiller à la coordination et à la bonne organisation du travail des équipes (management)
- Garantir le respect des règles d’hygiène, de santé et de sécurité au travail
Gestion administrative et réglementaire
- Préparer les conseils municipaux et rédiger les délibérations
- Gérer les actes administratifs et assurer leur conformité juridique
- Assurer une veille réglementaire et juridique continue
Gestion financière
- Piloter le budget communal : élaboration, exécution, suivi et contrôle
- Superviser les dépenses et garantir la transparence des finances publiques
Relation aux usagers et services à la population
- Gérer les services de proximité : accueil, rédaction des actes d’état civil, délivrance des titres d’identité, traitement des réclamations
- Veiller au bon fonctionnement des services publics communaux : cantine, garderie, bibliothèque, transports scolaires…
Organisation des élections
- Assurer la gestion des listes électorales et la conformité au droit électoral
- Coordonner la logistique (affichage, bureaux de vote…)
Projets et partenariats
- Superviser les projets structurants de la commune (aménagement, services, travaux)
- Gérer les relations avec les partenaires institutionnels et les structures intercommunales
Dans quel cadre de travail évolue le secrétaire général de mairie ?
Les secrétaires généraux de mairie travaillent au sein des :
- communes (le plus souvent, moins de 1 000 habitants)
- établissements publics de coopération intercommunale
- centres de gestion de la fonction publique territoriale
Ils exercent en tant que :
- fonctionnaire
- contractuel (dans les communes de moins de 2 000 habitants)
[Chiffres clés]
Le métier de secrétaire général de mairie existe dans plus de 29 000 communes.
Près d’un sur deux (45,6 %) travaille dans une commune de moins de 500 habitants.
Près de deux sur trois (72,2 %) exercent leurs fonctions dans une commune de moins de 1 000 habitants.
Le secrétaire général de mairie évolue souvent dans une équipe restreinte. En effet, dans 77 % des cas, il exerce dans une collectivité qui compte moins de dix agents. Et, dans plus de 9 % des cas, il y est même le seul agent.
Un sur quatre travaille pour deux collectivités.
94 % sont des femmes.
62 % occupent des postes à temps non complet. C’est souvent le cas dans les petites communes, faute de budget notamment.
61 % des secrétaires de mairie en poste relèvent de la catégorie C.
20 % des secrétaires généraux de mairie sont des contractuels.
Un sur quatre a plus de 58 ans et 60 % ont plus de 50 ans.
Plus de 1 900 postes sont vacants.
En moyenne, une offre d’emploi est publiée pendant 39 jours et reçoit 3 candidatures.
Enfin, le secrétaire général de mairie figure parmi les 12 métiers les plus en tension de recrutement dans la fonction publique territoriale.
Sources :
- Étude nationale « Conditions de travail des secrétaires généraux de mairie et développement du réseau départemental », ANDCDG, mai 2025.
- Exposé des motifs de la loi du 30 décembre 2023 visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie.
- L’évolution des secrétaires généraux de mairie : la réforme issue de la loi du 30 décembre 2023 en questions/réponses – FNCDG et ANDCDG.
La revalorisation du métier de secrétaire général de mairie
La loi du 30 décembre 2023 a réformé en profondeur le métier de secrétaire de mairie pour :
- faciliter la promotion interne
- renforcer la formation
- accélérer la carrière
D’abord, elle crée pour les communes de moins de 3 500 habitants la nouvelle fonction de « secrétaire général de mairie », assortie de l’obligation de nommer un agent. Plus précisément :
- dans les communes de moins de 2 000 habitants, au minimum classé en catégorie B
- dans les communes de plus de 2 000 habitants, au minimum classé en catégorie A (possibilité de nommer à sa place un directeur général des services)
La promotion des agents en catégorie C
D’une part, la loi prévoit un plan de requalification. Jusqu’au 31 décembre 2027, les secrétaires de mairie de catégorie C en grade d’avancement (C2 et C3) peuvent accéder de façon dérogatoire à la catégorie B, sans quota sur le nombre de recrutements. Pour en bénéficier, ils doivent avoir exercé ces fonctions pendant au moins 4 ans dans une commune de moins de 2 000 habitants.
D’autre part, la loi instaure un dispositif de formation-promotion pérenne. Il s’agit de faciliter la promotion en catégorie B des agents de catégorie C souhaitant devenir secrétaire général de mairie. Ils doivent avoir exercé un emploi de catégorie C pendant au moins 8 ans et suivre une formation qualifiante sanctionnée par un examen professionnel.
Par ailleurs, à partir du 1er janvier 2028, il ne sera plus possible de recruter un agent de catégorie C. Mais ceux en poste avant cette date (fonctionnaires, contractuels en CDI) pourront continuer à exercer.
Bonus d’ancienneté
Pour accélérer leur carrière, les secrétaires généraux de mairie bénéficient désormais d’une bonification d’ancienneté (6 mois tous les 8 ans de service dans ces fonctions). En réduisant la durée requise entre deux échelons, elle leur permet d’atteindre plus rapidement un échelon supérieur dans leur grade. Et donc, une meilleure rémunération.
Quelles formations pour accéder au métier ?
Pour exercer le métier de secrétaire général de mairie en tant que fonctionnaire, il faut d’abord réussir un concours :
- attaché territorial, ouvert aux titulaires d’un diplôme de niveau bac +3 (catégorie A)
- rédacteur territorial, accessible avec un bac (catégorie B)
- adjoint administratif territorial (catégorie C)
Selon les concours, les diplômes les plus adaptés sont :
- les bacs +3 à bac +5 en droit public, administration publique, sciences politiques, sciences économiques ou de gestion
- les bacs généraux avec spécialité sciences économiques et sociales ou histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, le bac technologique STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) ou le bac professionnel gestion-administration
Mais un profil bac +3 est de plus en plus conseillé compte tenu de la revalorisation du métier et de la haute technicité du poste.
Le recrutement peut aussi s’effectuer sans concours sous le statut de contractuel. Une expérience similaire et une formation pertinente (gestion administrative, comptabilité, secrétariat) sont alors des atouts.
Exemple d’offre d’emploi sur www.emploipublic.fr
Par ailleurs, une filière universitaire et un diplôme national d’enseignement supérieur préparant au métier de secrétaire général de mairie pourraient voir le jour prochainement.
Quelles sont les compétences requises ?
Avec la récente réforme, les secrétaires généraux de mairie sont appelés à développer des compétences transversales et managériales. En outre, la digitalisation croissante des services municipaux implique une maîtrise accrue des outils numériques, comme Teams pour le travail collaboratif, WordPress pour la gestion du site web ou encore les réseaux sociaux pour communiquer avec les habitants. Ils doivent non seulement être à l’aise avec les nouvelles technologies mais aussi en capacité d’accompagner leurs équipes dans cette transformation digitale. En parallèle, les usagers ont des attentes croissantes en matière de transparence, d’éthique et d’efficacité, ce qui exige des secrétaires généraux de mairie une gestion rigoureuse des ressources publiques ainsi que le développement de la participation citoyenne et du dialogue avec les habitants. Enfin, les évolutions territoriales (fusions de communes, intercommunalité…) imposent une constante montée en compétences.
Le sujet principal est la formation continue de ces agents qui doivent pouvoir s’absenter de leur poste pour parfaire leurs connaissances et donc leurs compétences sur les moyen et long termes.
L’évolution des secrétaires généraux de mairie : la réforme issue de la loi du 30 décembre 2023 en questions/réponses – FNCDG et ANDCDG
Hard skills (compétences techniques)
- Connaissance du fonctionnement des collectivités
- Gestion budgétaire et comptable
- Compétences juridiques (droit public) : marchés publics, urbanisme…
- Pratique des outils bureautiques et des logiciels métiers (par exemple : CIRIL, Berger-Levrault)
- Techniques de management et d’organisation du travail
- Aisance rédactionnelle : rédaction de documents administratifs et juridiques
Soft skills (compétences comportementales)
- Sens de la diplomatie, aptitude à la négociation, discrétion
- Leadership et communication (écoute, médiation, gestion des conflits)
- Esprit d’analyse et de synthèse
- Sens de l’organisation, gestion des priorités, gestion du stress
- Rigueur, sens du service public et intégrité
[Interview]
3 questions à Sylvie, secrétaire générale de mairie, Chahaignes (72)
Quelles sont les missions qui rythment le plus vos journées au sein de la mairie ?
Mes journées sont bien remplies ! Entre les e-mails, les courriers, les dossiers à suivre (subventions, travaux, contrats…), la préparation du conseil municipal une fois tous les deux mois, les finances (préparation du budget, saisie des engagements, contrôle et paiement des factures, etc.), la paie, le suivi des agents, l’encadrement du personnel… il faut être partout. Sans oublier les relations avec les habitants, les fournisseurs ou les services de l’État… et pour finir le classement à assurer en parallèle.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier, malgré les contraintes parfois fortes ?
C’est justement cette diversité qui me plaît. On ne s’ennuie jamais. J’aime aussi le contact humain, les échanges, et surtout le sentiment d’être utile. On voit concrètement l’impact de notre travail sur la vie de la commune, et ça donne du sens à ce que l’on fait.
Quel regard portez-vous sur la revalorisation du métier engagée depuis 2023 ?
Il est essentiel de mettre en lumière le métier de secrétaire de mairie, souvent méconnu et victime de nombreux préjugés. Trop de personnes imaginent encore un fonctionnaire passif, dissimulé derrière un bureau, payé à ne rien faire. La réalité est bien différente, en particulier dans les petites communes où la polyvalence est indispensable. C’est un métier exigeant, mentalement éprouvant, mais également très enrichissant sur le plan humain et professionnel.
Quelle est la rémunération d’un secrétaire général de mairie ?
Pour les fonctionnaires, la rémunération brute mensuelle dépend du grade, des échelons et de l’ancienneté, selon la grille indiciaire de la fonction publique. Le traitement indiciaire représente en moyenne 80 % de la rémunération du fonctionnaire. En effet, des primes complètent la rémunération.
| Secrétaire de mairie | Ancien grade, statut en extinction | 1 900 € à 2 900 € |
| Adjoint administratif territorial | Catégorie C | 1 400 € à 1 800 € |
| Rédacteur territorial | Catégorie B | 1 800 € à 2 900 € |
| Attaché territorial | Catégorie A | 1 900 € à 3 300 € |
À noter : les grilles indiciaires servent aussi de base de calcul pour la rémunération des agents non fonctionnaires.
Quelles sont les perspectives d’évolution ?
Le secrétaire général de mairie peut évoluer vers :
- des postes de direction dans des communes plus importantes, avec des services plus spécialisés à coordonner, ou en intercommunalité (responsable de pôle urbanisme…)
- le métier de directeur général des services
- d’autres fonctions publiques (hospitalière, État)
- des missions de conseil auprès d’élus ou dans des structures associatives, de formation ou d’expertise (par exemple : dans un centre de gestion de la fonction publique territoriale)
L’évolution nécessite souvent la réussite à des concours internes ou des formations qualifiantes.
Quels sont les atouts et contraintes du métier de secrétaire général de mairie ?
- Stabilité de l’emploi dans la fonction publique
- Grande autonomie et diversité des missions
- Métier porteur de sens, au service de l’intérêt général
- Relation de proximité avec les élus et les habitants
- Nécessité de s’adapter en permanence aux évolutions réglementaires
- Charge de travail importante, souvent sous pression
- Polyvalence exigée, notamment dans les petites communes
- Rémunération parfois peu attractive au regard des responsabilités
